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jeudi 1 janvier 2015

Ci-dessous quelques cartes (approximatives) de notre périple...

Musée du génocide de Tuol Sleng & Mémorial pour les victimes des communistes khmers (Phnom Penh)
Les crimes du régime Khmer rouge couvrent l'ensemble des meurtres, massacres, exécutions et persécutions ethniques, religieuses ou politiques commis par ce mouvement communiste radical, lorsqu’il contrôla le Cambodge de 1975 à 1979.
Durant quatre ans, les Khmers rouges, dont le chef principal était Pol Pot, dirigèrent un régime connu sous le nom officiel de Kampuchéa démocratique, qui soumit la population à une dictature d'une rare violence et dont la politique causa au minimum plusieurs centaines de milliers de morts.

Les crimes perpétrés au Kampuchéa démocratique sont parfois désignés sous le nom de génocide cambodgien, bien que la qualification de génocide ne soit pas, pour le Cambodge, reconnue sur le plan international.

 Il n'existe pas non plus de consensus sur le nombre total de victimes ; toutefois, les 1,7 million de morts (soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque) évalués par le programme d'étude sur le génocide cambodgien de l'Université Yale semblent de nos jours le chiffre le plus crédible.

Le Kampuchéa démocratique ne compte officiellement pas de prisons. Le pays se couvre néanmoins de « centres de rééducation », souvent installés dans d'anciens temples ou d'anciennes écoles. Jusqu'en 1976, la fonction rééducative semble avoir été relativement prise au sérieux, et 20 à 30 % des détenus finissent par être libérés. Ensuite, leur situation empire nettement. Les Cambodgiens peuvent être arrêtés sous le moindre prétexte, allant du vol (ce qui inclut le chapardage ou la cueillette de fruits pour échapper à la faim) aux propos « subversifs », en passant par les simples manifestations d'impatience, les relations sexuelles hors mariage ou une simple origine sociale « impure ». L'usage de la torture est généralisé. Le centre de détention le plus connu est la prison de Tuol Sleng, connu sous le nom de code S-21. Ancien lycée, Tuol Sleng est placé directement sous le contrôle du « Centre » — soit du Parti communiste du Kampuchéa — et placé sous la responsabilité de Kang Kek Ieu (alias Douch En tant que prison du comité central, S-21 accueille tout particulièrement les anciens cadres khmers rouges disgraciés : entre 14 000 et 20 000 personnes environ, dont quelque 1 200 enfants, y  trouvent la mort, avec parfois plusieurs centaines d'exécutions par jour. Seules six ou sept personnes survivent à S-21, sauvés par leurs talents, tels que la sculpture ou la peinture. À leur arrivée en 1979, les Vietnamiens découvrent à Tuol Sleng les corps d'une cinquantaine de prisonniers, que les Khmers rouges ont exécutés avant de prendre la fuite.

Qualification de génocide


Les crimes commis par les Khmers rouges sont souvent présentés comme un génocide. Cette appellation a notamment été retenue lors du procès organisé en 1979 par les Vietnamiens et leurs alliés de la République populaire du Kampuchéa, après la chute du Kampuchéa démocratique : Pol Pot et Ieng Sary ont alors été condamnés à mort par contumace. Les massacres s'étant déroulés sous leur régime ne font cependant pas partie des quatre types de génocides (s'appliquant aux groupes nationaux, ethniques, raciaux ou religieux) reconnus par l'ONU. Jean-Louis Margolin souligne que la difficulté dans l'emploi du terme génocide vient de ce que la plupart des victimes étaient elles-mêmes des Khmers, les minorités ethniques n'ayant représenté qu'une part limitée des victimes. Pour Margolin, les Vietnamiens peuvent être considérées comme ayant subi des persécutions raciales, mais la foi islamique des Chams semble avoir surtout été persécutée non pas en tant que telle, mais du fait de ses vertus de résistance. Si les actes de Pol Pot et de son régime entrent sans difficulté dans la catégorie des crimes de guerre, la qualification de génocide est plus problématique selon l'importance que les spécialistes accordent ou non à l'aspect racial des massacres commis au Cambodge. Certains auteurs ont proposé le terme de politicide  pour qualifier un massacre de type génocidaire, commis sur des bases non pas raciales mais politiques. Jean-Louis Margolin note à ce propos la tendance des Khmers rouges à « racialiser » l'ennemi de classe, en considérant certaines catégories sociales comme criminelles par nature et par hérédité. Ben Kiernan insiste au contraire pour sa part sur le caractère spécifiquement racial de nombreuses persécutions, qu'elles aient touché des groupes religieux, ethniques ou nationaux.
Philip Short, biographe de Pol Pot, estime pour sa part que le terme de génocide a été surtout utilisé par facilité du fait de l'ampleur et de l'horreur des massacres commis : pour lui, les Khmers rouges sont « innocents » du crime de génocide, leurs actes relevant de la définition du crime contre l'humanité. Ben Kiernan conteste l'interprétation de Short et lui reproche d'ignorer les aspects ethniques de la politique des Khmers rouges, ainsi que sa propension à s'appuyer sur des sources khmères rouges.

En décembre 2009, Ieng Sary, Nuon Chea et Khieu Samphân ont été officiellement mis en examen pour génocide par les deux co-juges d'instruction des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens. L'inculpation repose sur la conviction des juges d'instruction que les dirigeants khmers rouges ont voulu détruire deux communautés spécifiques, celle des Chams musulmans et celle des Vietnamiens. Selon les Nations unies, le génocide se définit en effet comme « des actes commis avec l'intention de détruire, en totalité ou en partie, un groupe racial, ethnique ou religieux ». La chambre de première instance a cependant décidé en septembre 2011 de séparer le dossier en plusieurs jugements successifs, dont seul le premier consacré aux transferts forcés de population a été entamé.  Marcel Lemonde, juge d'instruction au sein des Chambres extraordinaires, a dès lors estimé qu'en raison des délais pris par la procédure, il n'y aurait « jamais de jugement sur la qualification de génocide ».

Bilan

Le nombre total de victimes du Kampuchéa démocratique reste sujet à débat, et ne peut être calculé que par déductions et estimations à partir des données démographiques existantes. Il varie entre 250 000 et 3 100 000 morts pour la période allant d'avril 1975 à janvier 1979, soit entre 3,25 % et 40 % de la population cambodgienne.


Le programme d'étude sur le génocide cambodgien de l'Université Yale évalue le nombre de morts à environ 1,7 million, soit 21 % de la population cambodgienne de l'époque. Ben Kiernan rapporte différentes estimations du nombre de morts : lui-même, après la chute du régime Khmer rouge, est arrivé à une première estimation d'environ 1 500 000 morts. Michael Vickery s'en tient à l'estimation basse de 740 000 morts, sur la base d'estimations démographiques différentes de celles de Kiernan. Une estimation haute porte le nombre de victimes à 2 200 000 morts, sur une population d'environ 7 890 000 habitants à l'époque. Philip Short note la difficulté d'établir une estimation exacte, du fait des « disparités considérables » selon les zones et de la surreprésentation des citadins (principales victimes du régime) dans les études et de l'incertitude de la démographie du Cambodge dans les années 1970. Lui-même estime le nombre de morts à 1,5 million.

À ces morts, il convient de rajouter environ un demi-million de Cambodgiens qui choisissent l’exil à l’étranger et l’ensemble des survivants qui en garderont des séquelles tant physiques que psychologiques.

Le régime khmer rouge est chassé de Phnom Penh au début de 1979 par l'invasion vietnamienne du Cambodge. La dénonciation de la « clique génocidaire Pol Pot-Ieng Sary » est l'un des thèmes principaux, sinon l'unique fondement politique, de la propagande du régime de la République populaire du Kampuchéa, mis en place par le Viêt Nam. Les communistes cambodgiens du Parti révolutionnaire du peuple du Kampuchéa, eux-mêmes composés pour partie d'anciens khmers rouges, sont ainsi les premiers à utiliser le terme de « génocide » pour qualifier les actes du régime de Pol Pot, dont ils souhaitent avant tout se démarquer. La République populaire du Kampuchéa et le Viêt Nam ont avancé, pour évaluer les crimes du Kampuchéa démocratique, le chiffre de 3 100 000 victimes.

Malgré son renversement, le mouvement khmer rouge qui bénéficie du soutien d'un ensemble hétéroclite d'États (la République populaire de Chine, mais aussi, entre autres, la Thaïlande et les États-Unis) ayant chacun des raisons de vouloir gêner le Viêt Nam et son protecteur soviétique. Il poursuit sa guérilla, semant la terreur dans certaines régions et continuant de s'en prendre aux Vietnamiens de souche57. Les dirigeants khmers rouges ne reconnaissent aucun massacre de grande ampleur, Pol Pot déclarant en 1979 que « seuls quelques milliers de Cambodgiens ont pu mourir à la suite d'erreurs dans l'application de notre politique consistant à donner l'abondance au peuple » et Khieu Samphân parlant en 1987 de 3 000 victimes d'« erreurs », de 11 000 exécutions d'« agents vietnamiens » et de 30 000 assassinats par des « agents vietnamiens infiltrés »58. En 1998, lors de leur reddition, Khieu Samphân et Nuon Chea expriment leur regret que tant « d'êtres » aient péri sous le régime du Kampuchéa démocratique. Nuon Chea est le seul ancien dirigeant khmer rouge à avoir publiquement évoqué les massacres du régime. Dans le documentaire Ennemis du peuple, réalisé par le Cambodgien Thet Sambath et le Britannique Rob Lemkin, l'ancien « Frère n° 2 » mentionne l'élimination de « criminels » impossibles à « rééduquer », commentant : « Si nous les avions laissés vivre, la ligne du parti aurait été détournée. Ils étaient des ennemis du peuple ».

Pol Pot, mis en détention par ses propres hommes en 1997, est mort l'année suivante sans avoir eu à répondre des crimes commis sous son régime. Ce n'est qu'à partir de 2004 que les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ont été mises en place, sous la pression internationale, pour juger les responsables khmers rouges. Capturé en 1999, Ta Mok est mort en prison en 2006, avant de pouvoir être jugé. Le premier responsable khmer rouge à passer en jugement a été Kang Kek Ieu alias « Douch », condamné en 2010 à 30 ans d'emprisonnement. Arrêtés en 2007, Khieu Samphân, Nuon Chea, Ieng Sary et Ieng Thirith ont été inculpés pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. Leur procès s'est ouvert le 27 juin 201161. Ayant fait appel de sa condamnation, « Douch » a été à nouveau condamné le 3 février 2012, mais cette fois à la prison à vie62. Ieng Sary étant décédé au cours du procès et Ieng Thirith ne disposant plus de ses facultés mentales, Nuon Chea et Khieu Samphân sont demeurés en 2013 les seuls accusés. En août 2014, tous deux ont été condamnés à la prison à perpétuité pour crimes contre l'humanité ; ils ont fait appel du jugement. Leur procès pour génocide envers les Chams et la minorité vietnamienne doit encore se tenir.


En juin 2013, le parlement cambodgien adopte une loi punissant de deux ans de prison « tout individu qui ne reconnaît pas, qui minimise ou qui nie » les crimes des Khmers rouges.